La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Cela fait près de 9 ans que Bruno gravite au Centre Social Ty-Blosne. Arrivée par la porte de l’Épicerie Sociale de Ty-Blosne, en octobre 2010, Bruno rencontre des difficultés à différents niveaux. Mais cette année passée lui a permis de reprendre pied grâce à l’écoute, la solidarité et le dialogue. Tout ce qu’il a pu recevoir, il a souhaité tout de suite pouvoir le partager. Il est donc devenu tout naturellement bénévole à l’Épicerie Sociale. «  La souffrance nous fait oublier les autres, on pense avant tout à nos priorités ! Les Conseillères en Économie Sociale et Familiale sont formidables. Elles recadrent pour que tous se sentent à l’aise et à leur place. Elles posent des règles et des repères. »

Il remercie Blandine et Euphrosine pour leur professionnalisme.

Chemin faisant, Bruno découvre qu’au-delà de Ty Sol, il existe un Centre Social puis que le Centre Social fait partie d’une Association.

Depuis 2017, Bruno est investi dans le groupe de travail « Mutuelle pour tous » et devient administrateur suppléant du Centre Social Ty-Blosne en 2018. Bruno vous parle avec ses tripes et sait nous toucher avec les mots. Il revient sur le conseil d’Administration de Décembre 2018 et reste inquiet face à la baisse des subventions. « Comment donner la chance à nos enfants avec moins de moyens ? Il faut y réfléchir ensemble. L’enfant est l’avenir de l’Homme. » Devenir administrateur est un engagement qui se construit grâce à l’accompagnement de Maryse, Hervé et Jean-Luc.

Son engagement se poursuit au sein du Centre et de l’Association mais aussi à l’échelle de son quartier. En effet, le Blosne vit une transformation urbaine heureuse aux yeux de Bruno. Le quartier est en mouvement, la politique de la Ville redonne de la vie et du travail dans le quartier. « Je suis aux anges de voir l’évolution du quartier, avec cette envie de faire pour les jeunes. »

Il reste très attaché à l’Épicerie Sociale où il poursuit son engagement. C’est un lieu ressource, où l’on échange autour de l’alimentation et aussi des astuces et bonnes pratiques et reste toujours à l’écoute pour prêter mains fortes à l’équipe du Centre Social Ty-Blosne.

Il se remémore une action « Les Super Héros vieillissants » immortalisée par Marianne Harington photographe. Merci à elle d’avoir immortalisé ce moment et bien d’autres !

Sophie Cortet, Chargée de communication au Siège de l’Association Rennaise des Centres Sociaux

 

BrunoMoi je suis arrivé suite à une séparation. J’ai rencontré M. Boutou (assistant social au CDAS) qui m’a suivi pour m’aider à faire en sorte que je puisse avoir un logement et avoir ce qu’il faut pour mes enfants, pour les recevoir chez moi. Après il m’a aidé en me donnant des contacts d’associations pour pouvoir me remeubler, je n’ai acheté que les lits de mes enfants en magasin. Puis, il a continué à me suivre vu que j’étais en dépression, j’avais besoin de soutien. En 2010, je me suis retrouvé à travailler à temps partiel à cause de ma santé. Je passais mes journées à pleurer et on m’avait mis dans un placard pour m’écarter des autres pour ne pas que je les attriste. C’était très dur, j’étais dans une dépression profonde pendant 3 ans.

Puis M. Boutou m’a orienté à Ty Sol car j’avais une rupture sociale et une rupture de communication avec mes enfants. Quand je suis arrivé, j’ai rencontré des gens trop gentils. Les premiers vendredis je n’étais pas à l’aise parce qu’on arrivait, on s’assoyait, ils nous servaient le café à table. C’était très gentil mais à vivre, j’avais l’impression de perdre encore plus de dignité. J’étais mal à l’aise qu’on me serve le café à table. Puis petit à petit avec les activités cuisine je devenais de plus en plus à l’aise. Ma dépression disparaissait petit à petit. Là-bas j’ai rencontré des gens que je pense que je n’aurais pas pu rencontrer ailleurs. Je ne sais pas comment dire par rapport à eux : leur gentillesse, leurs sourires, ils nous donnaient la sensation d’être « égal » à eux-mêmes, ils nous respectaient tel qu’on était. Ce qui m’a le plus touché c’était le mariage entre les bénéficiaires, les bénévoles et les professionnels. Je me suis aperçu que les bénévoles avaient quasiment la même voix que les professionnels.

Ma venue à Ty Sol m’a aidé à ne plus avoir le souci de tous les jours : comment nourrir mes enfants le lendemain (je les avais en garde alternée). C’était surement, pour moi, très humiliant de ne pas pouvoir nourrir mes enfants correctement. Ça a duré 1 an en tant que bénéficiaire et ça m’a apporté du contact, du partage, du respect envers les uns et les autres.

Quand j’ai su que ça se finissait je suis allé voir Blandine et Euphrosine parce que j’avais envie de rendre ce qu’on m’avait donné. Et je sentais que j’avais envie d’aider les gens qui étaient comme moi. Elles me l’ont accordé et donc je suis devenu bénévole à Ty Sol. C’était génial mais il y avait des moments très très durs parce qu’à ce moment-là on n’avait pas de partenaire pour les produits qu’on ne pouvait pas garder. Alors on était obligés de les jeter à la poubelle. Le reste était génial il y avait du partage, des moments de conversation et tout le monde pouvait dire ce qu’il pensait, enfin ceux qui le pouvaient. D’autres ne le pouvaient pas parce qu’ils n’étaient pas prêts à le faire. Être devenu bénévole après avoir eu la place de bénéficiaire était important. J’en suis venu à proposer que les bénéficiaires préparent le café pour ne plus qu’ils connaissent la sensation d’humiliation que j’avais connu à leur place. Et en fait ça a fini de me reconstruire. J’étais de mieux en mieux dans ma peau donc j’en ai tiré bénéfice moi aussi, intérieurement.

Aujourd’hui, je suis toujours bénévole à Ty Sol et au Centre Social où je suis investi dès que je peux.

« Le partage »