« Jai intégré le Conseil dAdministration puis le Bureau de lARCS à lautomne 2020, après avoir été désigné par lAssemblée générale en qualité de membre qualifié sur proposition des membres du Bureau. Jai alors été élu Coprésident, dans le prolongement des attributions qui avaient été précédemment dévolues à Jean Luc Masson.

Mes expériences professionnelles antérieures mont permis dappréhender les politiques publiques, notamment celle du logement social et les enjeux des quartiers prioritaires des politiques de la ville ainsi que les situations sociales, familiales et économiques de leurs habitants.

Prenant mes responsabilités nouvelles, jai voulu comprendre lhistoire de lARCS après presque 20 ans dexistence et tenu à rencontrer le Président et la direction de la CAF, financeur principal, en charge de lagrément des projets sociaux de chacun des 6 centres regroupés au sein de lARCS.

De la même façon, jai échangé avec Maria Vadillo, Adjointe au Maire en charge des affaires sociales pendant la dernière mandature de Edmond Hervé et avec Philippe Caffin dont lexpertise avait été mise à contribution lors des travaux de mise en place de lARCS.

On peut aisément imaginer les débats préalables à la décision de la CNAF (Caisse Nationale des Allocations Familiales) du début des années 2000, dexternaliser la gestion des centres sociaux en
France. Généralement ces choix, souvent difficiles, voire douloureux en interne prennent acte des limites intrinsèques de linstitution et ouvrent la voie à de nouvelles étapes, mieux à même de servir les objectifs définis et les attentes des populations concernées.

En 2003, pour prendre le relais, le modèle associatif retenu pour lARCS par les représentants de la CAF et les élus de la Ville de Rennes, avec lexpertise de lAPRAS et de la Fédération des Centres Sociaux, était résolument précurseur et confiant à légard des habitants, en leur donnant le pouvoir et la responsabilité dimaginer et de mettre en œuvre les projets sociaux de leur quartier.

Cette démocratie participative avant lheure a donné une forte légitimité à de nombreux habitants bénévoles successifs pour porter des engagements concrets, ambitieux et à des militants associatifs de faire valoir et de partager leurs convictions, sans méconnaître les nécessaires frottements aux réalités du terrain.

Les valeurs humanistes que portent lARCS sont celles qui permettent le vivre ensemble : la solidarité et la bienveillance, le respect et la tolérance, lentraide et lattention à lautre, avec la forte conviction de mettre en œuvre une démocratie proche, concrète, vivante, émancipatrice. Les parcours de vie des deux Co présidentes, Annie et Sylvie, issues du collège des habitants, illustrent parfaitement cette « utopie réaliste » pour reprendre le titre dun auteur et bien dautres histoires personnelles de bénévoles lattestent tout autant.

Cependant ce cadre associatif original et convaincant, ainsi que ces postures militantes et associatives sinscrivent dans des réalités financières contraintes et accrues, dans un contexte où la norme dominante veut que largent public soit économisé, son usage justifié, son renouvellement négocié, avec un voile de doute sur la reconduction des moyens mis à disposition des bénévoles et des équipes.

Cette insécurité financière, « cette menace » pour reprendre les termes du rapport de la Chambre Régionale des Comptes de novembre 2019, a vu son apogée lorsque la CAF, à loccasion du renouvellement de sa gouvernance, a décidé une baisse drastique de sa dotation annuelle à partir de 2018, avec un échelonnement sur 5 ans.

Cet évènement brutal a été vécu comme un reniement au moins partiel de ses fondements originels, un acte de gestion qui sanctionne sans donner de clés pour laprès.

LARCS a fort judicieusement rebondi par le biais dun projet stratégique permettant de tourner la page, de tenir compte du nouvel environnement ainsi défini en optimisant la gestion, de mobiliser les bénévoles et les équipes sur les enjeux de lavenir ainsi que les moyens dy faire face, dentamer aussi la hiérarchisation de ses activités.

Le projet « petite enfance » est un des aboutissements de ce long et exigeant travail collectif pour lequel la Directrice Générale et les membres du Comité de Direction au titre desquels les directions des 6 Centres Sociaux, ont montré une grande énergie créatrice et une belle fidélité aux engagements de lARCS, ainsi renouvelés et prometteurs.

Cette évolution sensible, appuyée sur un financement corrélé introduit des logiques de changements et donc une nouvelle étape pour lARCS, une nouvelle chance de prolonger la belle aventure de cette gouvernance des habitants, par les habitants et pour les habitants.

Jai conscience darriver à ce moment charnière de la vie de lARCS la confiance est de mise et ne peut être déçue, les travaux dessinent lavenir sans quon ne puisse se tromper de
chemin, où les partenaires que sont la CAF et la Ville de Rennes (et demain sans doute davantage le Département) apportent des soutiens clairs quun temps on avait peur davoir perdus.

Arrivé au terme dune expérience professionnelle diversifiée et riche en rencontres, jespère prolonger mes engagements antérieurs et les mettre au service des habitants, notamment celles et ceux très investis dans les instances de lARCS, mais aussi en faveur des territoires des quartiers prioritaires, avec la conviction « quon ne connait bien un territoire quen connaissant ses habitants ».

René Bondiguel,
Coprésident de lARCS