Lilas et Marianne deux médiatrices sociales nous exposent leur point de vue sur la médiation sociale sur deux territoires différents.
Lilas, médiatrice sociale travaille sur le quartier sud de Rennes. Elle partage ses compétences à mi-temps pour la maison des Squares et un autre mi-temps pour le Centre Social Carrefour 18. Lilas vient de la région parisienne. Animatrice dans les centres sociaux de la région parisienne puis sur Orléans dans les quartiers prioritaires, Lilas s’est tournée vers la médiation tout naturellement. Son sacerdoce est d’aller vers les personnes pour les amener à accéder à leurs droits. L’union fait la force !

Marianne, est médiatrice sociale au Centre Social de Cleunay après un parcours militant et d’engagement bénévole à l’Association pour la Subsistance, l’Entraide et le Partage—ASEP— autour des droits des précaires et des migrants et l’écologie via l’association La Souris Verte. Elle a souhaité se professionnaliser et s’est donc tout naturellement tournée vers le métier de médiation sociale. Elle a connu la précarité et a donc beaucoup d’empathie pour les personnes qu’elle rencontre aujourd’hui. C’est un savoir acquis si on peut dire. Elle fait le constat que la société est discriminante et qu’il faut à la fois lever les freins de la personne mais aussi de la société. Les migrants ont un véritable parcours du combattant. Et malheureusement la première discrimination dont ils font preuve est la précarité. « Nous vivons dans une société individualiste ».

Lilas travaille sur le quartier Italie, elle aime parler du potentiel des personnes. Ce sont toujours des projets à long cours qu’elle met en place avec un collectif. On part de l’envie, du besoin ressenti pour ensuite aller pas à pas vers un joli projet. Le 14 février dernier, un groupe d’habitants a organisé la fête des voisins. 120 personnes se sont réunies, autour de mets d’horizons différents, de la musique berbère, des ateliers calligraphie et Haïku. Pour garder des traces de ce moment festif, il est prévu de réaliser un fanzine alimenté par les interviews et les photos de l’évènement.

Le travail de médiation sociale ne s’arrête pas à créer du lien social, c’est un travail de recherche : Recherche de partenaires, recherche du bon interlocuteur pour une résolution de problème. C’est aussi « aller vers » par le biais du café du facteur, et amener à faire groupe pour parler. La parole est libératrice, permet de se comprendre et de s’allier pour faire force. Une mini société en somme.

Marianne travaille aussi le « aller vers » avec les « rendez-vous près de chez vous ». Avec des partenaires du quartier (bailleurs sociaux, institutions, associations), elle recueille la parole des habitants sur leur lieu de vie et leur pouvoir d’agir dessus. Les constats qu’elle en fait aujourd’hui sont surtout tournés autour de la différence de temporalité entre institutions et habitants. Les institutions apportent des réponses mais les délais ne sont pas toujours connus ou signifiés, ce qui peut provoquer une grande violence pour les habitants et un délitement du lien : abandon des demandes ou à l’inverse sur sollicitation.
Le rôle de médiateur est aussi de comprendre les différents dispositifs disponibles pour les expliquer aux habitants. Le numérique complexifie les démarches autour de la santé, des loisirs entre autre.
Marianne et

Lilas sont deux femmes et partagent le même constat sur la place des femmes dans les rues. Les effets de groupe, l’alcool et la drogue peuvent insécuriser leur travail. Il est important de toujours travailler en binôme ou en groupe avec des bénévoles et des partenaires du quartier. Le travail de médiation sociale c’est aussi de développer des actions avec d’autres partenaires tels que des artistes, bailleurs sociaux, conseil citoyen afin de mener des projets collectifs et ainsi apprendre à se connaître. Ces actions et projets permettent aussi de travailler sur l’image du quartier.

Marianne réalise aussi dans l’Espace Social Commun de Cleunay des entretiens individuels avec comme objectif de consolider les liens entre les individus et les partenaires institutionnels ou associatifs du quartier. Cet aspect permet d’amener un individu à prendre part à un collectif.

Pour finir, il y a un volet très important à ne pas oublier dans ce métier. L’observation, l’analyse et la réflexion sociologique. En effet, chaque quartier a ses codes dans le langage, dans la gestuelle. Il est important d’en prendre conscience pour créer de la confiance. Cela permet d’apporter de la qualité dans l’échange et ainsi de tisser un climat de confiance.

Propos recueillis auprès de Lilas Benallegue et Marianne Flahou par Sophie Cortet,
Chargée de Communication—Siège de l’Association Rennaise des Centres Sociaux