OUVERTURE DU FORUM PAR LE DISCOURS D’ANNIE BRELIER, CO-PRÉSIDENTE DE L’ARCS.

Je suis Annie Brelier, ex « invisible ». Je suis devenue bénévole à l’accompagnement à la scolarité puis administratrice du Centre Social de Maurepas à Rennes. Je suis actuellement une des Co-présidentes de l’Association Rennaise des Centres Sociaux.

Nous sommes réunis aujourd’hui autour d’un mode d’action qui se développe : « Aller vers ». Mais au fait, c’est quoi « Aller vers » ?
« Aller vers », c’est avant tout une action de proximité. Ainsi les salariés et bénévoles des six Centres Sociaux Rennais ont développé une variété d’interventions pour aller vers une partie de la population du quartier qui ne se montre jamais, celles et ceux que l’on appelle « les invisibles », qui sont souvent associés au non-recours.

Familles en situation de grande pauvreté, familles monoparentales dont les femmes seules ne trouvent aucun moment de répit, personnes ayant perdu peu à peu les liens sociaux et/ou familiaux., personnes souffrant d’addiction (alcool, drogues), personnes en situation de handicap, personnes en fragilité psychologique, personnes ne maîtrisant pas la langue française, personnes âgées, …

Isolement croissant d’une partie des habitants qu’accentue la dématérialisation de l’accès aux droits et des liens avec les institutions.
Isolement qui, de plus, peut être accentué par des conflits de voisinage, la présence de dealers menaçant dans les halls d’immeubles, ce qui entraine une peur de sortir de chez soi.

Mais « aller vers » ne se limite pas à aller vers des personnes en situation de crise ou de décrochage.
« Aller vers » c’est rencontrer l’autre en assurant d’abord une présence, une écoute en acceptant que la relation ne s’enclenche pas tout de suite, en donnant du temps au temps.
« Aller vers » c’est rencontrer les habitants, et donner des moyens à ces mêmes habitants de se rencontrer.
« Aller vers » c’est échanger avec les habitants tout en favorisant le partage des idées entre les habitants.
« Aller vers » c’est laisser s’exprimer les envies des habitants tout en permettant la manifestation des compétences.

C’est aussi faciliter la capacité des habitants à s’organiser ensemble pour améliorer leur quotidien en permettant l’émergence de propositions par les habitants eux-mêmes.
C’est participer à des actions collectives qui permettent à chacun de s’épanouir en trouvant sa place dans la construction d’un projet.
« Aller vers », tout le monde en parle, mais ce n’est pas si simple comme le précise Yves-Marie Le Scornet, Directeur du Centre Social de Maurepas. Il souligne qu’aller vers c’est aller vers le territoire et la temporalité de l’autre : être là dans la rue, dans un hall d’immeuble, un pas de porte, un parc, un arrêt de bus. C’est accepter de sortir de sa zone de confort et accepter le temps de l’habitant. Et il poursuit ainsi :
« Aller vers » cela commence par un regard, un sourire (outils très puissants), un bonjour.
« Aller vers » c’est entrer dans le monde de l’autre.
N’oubliez pas que celui vers qui on va, ne nous a rien demandé.
« Aller vers » c’est permettre la rencontre avec celles et ceux qui ne sortent pas et/ou qui n’osent pas franchir la porte d’un équipement.

Yves Marie Le Scornet conclut :
Pour le travailleur social « aller vers » nourrit une connaissance du territoire de son environnement de travail.
Alors aller vers, c’est quoi ?
C’est le croisement d’une multitude de propositions expérimentées par les différents acteurs sur le territoire.
« Aller vers », c’est sans doute une notion qui doit rester assez imprécise, même si c’est gênant, pour rester une porte grande ouverte aux initiatives, ouverte à l’accueil de l’autre à son rythme et sans jugement.

Annie Brelier, Co-Présidente
de l’Association Rennaise des Centres Sociaux.