Cette prise de position vient compléter la Prise de Position Développement Social Local a été votée lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 20 janvier 2022.

L’ascenseur est le premier moyen de transport en France. Il facilite la vie de la personne âgée, de la personne qui ne peut porter ses affaires, de la femme enceinte…quand il tombe en panne, on ne peut pas sortir…s’il est souvent en panne c’est le premier pas vers l’isolement. L’aller vers c’est l’ascenseur qui ne tombera pas en panne.

« Aller vers, tout le monde en parle mais de quoi s’agit-il vraiment ? La formule est éloquente, mais au final cela ne semble pas si simple ».

Aller vers, c’est sans doute une notion qui doit rester volontairement ouverte, même si cela peut interroger les parties prenantes, pour rester une porte grande ouverte aux initiatives, ouverte à l’accueil de l’autre à son rythme et sans jugement.
Aller vers, c’est aller à la rencontre des habitant·e·s les plus isolé·e·s, celles et ceux qui ne sortent plus de leurs appartements, de leurs immeubles, de leurs squares.
Aller vers, c’est aussi aller à la rencontre des nouveaux habitant·e·s sur un territoire pour faire connaître le Centre Social, ses actions mais aussi les richesses du quartier.
Aller vers, c’est aussi aller à la rencontre de collectifs d’habitant·e·s, d’associations pour nouer des partenariats.
Aller vers, c’est aussi animer l’espace public pour se faire connaître et provoquer la rencontre avec les habitant·e·s dans une dynamique de plaisirs partagés.
Aller vers, c’est permettre la rencontre avec celles et ceux qui ne sortent pas et/ou qui n’osent pas franchir la porte d’un équipement. C’est une démarche de prévention contre le non-recours aux droits.
Aller vers, c’est avant tout une action de proximité qui permet de mieux connaître le territoire d’intervention du centre social (diagnostic, recueil de données « chaudes »)
Aller vers, c’est transmettre aux acteurs·rices du quartier la parole des habitant·e·s pour y donner suite de manière collective et ou individuelle.
Aller vers, c’est le croisement d’une multitude de propositions expérimentées par les différents acteurs·rices sur le territoire.

Le contexte :

Le Centre Social agit sur un territoire avec et pour les habitant·e·s dans le but d’améliorer le cadre de vie, les conditions de vie de chacun·e.
Il cherche à mettre en valeur les savoir-faire des uns et des autres en les valorisant, en permettant à chacun de les mettre en œuvre.
Espace d’accueil et d’échanges, le centre social permet ainsi de mieux se connaître, de s’enrichir des connaissances des un·e·s et des autres et par extension de mettre en commun ces divers savoirs pour entamer des actions collectives sur le quartier.
Cependant, force est de constater que cette pratique a une limite.
Certain·e·s habitant·e·s restent isolé·e·s dans leurs lieux de vie, dans les différents aspects de leur vie quotidienne.
A des difficultés de départ, santé, perte d’emploi, deuil, séparation … s’ajoute une multiplicité de démarches qui enferment ces personnes dans leurs difficultés alors qu’elles devraient les aider à en sortir. Paradoxe qui aboutit peu à peu à un isolement de plus en plus grand, à de multiples renoncements et finalement à une situation qui semble insoluble.
Dès lors, le centre social qui s’adresse aussi, et d’abord aux personnes les plus vulnérables se doit d’élaborer des propositions afin de créer un premier lien avec ces personnes qui trop souvent se sentent stigmatisées, ne s’autorisent plus à apporter quoi que ce soit socialement entraînées peu à peu dans une perte de l’estime de soi.
Aller vers, ne se réduit pas à s’adresser aux seules personnes en difficultés. Cette démarche à un rôle de facilitateur pour créer du lien entre habitant·e·s qu’ils soient en difficultés ou non.

Applications concrètes :

Aller vers, c’est une posture relationnelle centrée sur la personne qui mobilise du temps mais ouvre le champ des possibles. C’est accepter de sortir de sa zone de confort, codifiée, normée et accepter le temps de l’autre en n’oubliant pas que celui vers lequel on va ne nous a rien demandé.
Cependant, levier d’accompagnement, l’« aller vers », c’est de l’écoute, de l’empathie dans l’appréhension des situations pour mieux soutenir les habitant·e·s dans leur parcours individuel et collectif.
Aller vers, c’est rencontrer l’autre, entrer dans son monde. Ce n’est pas « vendre sa soupe », communiquer sur … ou l’emmener là où nous avons envie d’aller, au risque de perdre le lien.
Aller vers, c’est tendre une main et savoir aller jusqu’au bout de la démarche tout en sachant passer le relais si nécessaire.
Aller vers, c’est écouter les habitant·e·s dans leurs diversités, entendre leurs réalités et leur donner confiance pour qu’ils s’autorisent eux-mêmes à agir. Pouvoir d’agir qui renvoie à une démarche d’éducation populaire.
Aller vers, c’est proposer des activités en extérieures telles les activités « jardins » qui permettent de faire ensemble au rythme de chacun·e tout en incluant aisément une personne qui arrive.

Démarche d’élaboration

À partir des expériences d’Aller vers, réalisées sur les territoires : La Roulotte à parlottes au centre-ville, le Café du facteur à Maurepas, les Rendez-vous près de chez vous à Cleunay, l’Info-mobile et le Jardin Partagé sur Villejean, l’intervention des médiatrices sociales et médiateurs sociaux sur l’espace public au sein des quartiers prioritaires, les interventions sur le marché Sarah Bernhardt aux Champs Manceaux et à Villejean, sous forme de porteurs de paroles, Les Tables de quartier, Bonjour Voisins sur le Blosne, nous avons partagé nos expériences lors de réunion thématiques « Aller vers » regroupant des bénévoles et des professionnel·le·s des centres sociaux rennais. Assez récemment, nous proposons des actions d’accompagnement au numérique, « hors les murs » par l’intermédiaire de l’informaticienne public et prochainement par le projet La Guitoune aux Champs Manceaux.
Concernant ce dernier, le parallèle avec la prise de position sur le numérique est à souligner. Les deux prises de position se rejoignent sur ce point.


Par ailleurs, le 17 octobre 2019, en partenariat avec RésoVilles nous avons organisé un séminaire régional d’une journée ayant pour thème « Aller vers plutôt que voir venir » pour partager et enrichir nos réflexions.
Enfin, nous contribuons également à la réflexion engagée dans le cadre du plan pauvreté sur la thématique « Aller vers et parentalité ».

Valeurs et pratiques de références :

Avant de s’engager dans l’action, quelques points de vigilance :
Le binôme (soit 2 professionnels, soit un professionnel et un bénévole, soit un professionnel du centre social et un partenaire, soit un bénévole et un partenaire) : pour garantir la sécurité de tous, le travail en binôme est recommandé. Ce binôme favorisera la confrontation d’idées et de points de vue tout en maintenant un cadre sécurisant.
La supervision : agir en grande proximité n’est pas sans incidence sur les émotions liées à la relation d’aide. Ce travail favorisera la prise de recul.
Le lien avec l’équipe restée à terre (au centre) : pour le travailleur social « hors les murs », le risque de déconnexion avec les autres membres de l’équipe (bénévoles et professionnels) est fort. Le lien est indispensable et un retour de ce qui s’observe à l’extérieur est nécessaire soit en réunion d’équipe et lors des collectifs d’animation.
La formation des bénévoles et des salariés…c’est une équipe !
Les formations « aller vers » sont indispensables pour savoir se positionner face à des situations diverses et inattendues, pour connaître aussi les contours des principes de confidentialité et agir sans à priori. Ex : accueil et écoute proposées par la Fédération des Centres sociaux.
Ces formations sont là aussi pour aussi inciter à de nouveaux habitants de lancer dans cette aventure du « aller vers ».
Le travail en partenariat : indispensable pour croiser les regards et pour s’appuyer sur les compétences et ressources de chaque partenaire. S’autoriser aussi à aller animer chez les autres partenaires ou structures, sans oublier les démarches d’Aller vers au sein des Espace Social Commun.
Dans l’idéal, une action « aller vers » doit être portée par un trinôme : un bénévole, pour ses compétences liées à la connaissance du quartier, un professionnel du centre social pour ses connaissances techniques et relationnelles et un partenaire pour des compétences complémentaires liées à son champ d’action.
Enfin « Aller vers » c’est une démarche qui s’arrête à la porte du domicile des habitants tout en reconnaissant que certaines personnes auraient du plaisir à inviter des personnes à venir chez elles. Aller au domicile est une démarche à travailler car elle pose beaucoup de questions, de formation et de sécurité. C’est un second temps qui dépasse l’ « Aller vers »